Diplômes et formations au coeur des débats
Des objections s'élèvent sur le niveau minimum requis pour avoir le Certiphyto ou le nombre de jours de formations complémentaires.
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Quelle sera la liste des diplômes, titres et conditions de validation des acquis de l'expérience (VAE) qui permettront d'obtenir directement son Certiphyto conseil et vente ? Quelle sera la durée de la formation complémentaire éventuellement nécessaire pour décrocher son sésame ? Voilà des questions essentielles qui titillent aujourd'hui bon nombre d'acteurs de la distribution agricole. Car, rappelons-le, le dispositif d'obtention du Certiphyto n'en est qu'à sa phase expérimentale et ces questions devront être réglées d'ici peu pour être ensuite actées dans les arrêtés d'application consécutifs au vote de la Loi Grenelle 2.
Parallèlement à l'habilitation des centres de formation et à l'organisation de la période expérimentale, la DGER (Direction générale de l'enseignement et de la recherche au sein du ministère de l'Agriculture) a toutefois déjà délivré ses consignes, sur lesquelles il pourrait bien ne plus être possible de revenir. Ainsi, tout comme il a été décidé que le Certiphyto serait valable dix ans (lire p. 38), il a été défini que quatre voies d'accès à ce certificat seront possibles. La première est la validation des acquis académiques (VAA), autrement dit le simple fait de détenir un diplôme de moins de dix ans permettra de décrocher automatiquement son Certiphyto. La liste de diplômes, titres et certifications professionnelles sera établie après avis du groupe de réflexion sur le sujet. Mais là où le bât blesse, c'est qu'en matière de conseil et vente, ce sont les diplômes de niveau 4 (bac et bac pro) qui ont été retenus pour permettre de décrocher sans autre démarche son futur « permis » de conseiller et vendre des phytos. Beaucoup s'attendaient à ce que ce soit au contraire le niveau 3 (bac + 2, BTS) qui soit le minimum requis pour avoir son Certiphyto, comme c'est le cas dans de nombreuses démarches dans lesquelles sont engagés les coopératives et négociants. « Les agriculteurs sont eux-mêmes de mieux en mieux formés et informés et ils recherchent un conseil global et pertinent qui doit leur être délivré par quelqu'un de bien formé », estime ainsi François Prunevieille, chez Agridis, réseau qui verra bientôt tous ses TC au niveau BTS (lire p. 42).
Objectifs de compétences
« Nos entreprises doivent être capables de montrer qu'elles emploient des gens compétents, et la compétence est forcément reconnue par un diplôme », renchérit Jean-Guy Valette, directeur du négoce Centre Atlantique et fervent défenseur du BTS pour tous les TC. Au sein des négociants agricoles adhérents de la FNA, 220 technico-commerciaux non titulaires d'un diplôme de niveau 3 sont d'ailleurs aujourd'hui engagés dans des démarches de VAE pour transformer leur expérience en BTS. « Le Certiphyto a des objectifs de compétences, pas de diplôme, estime au contraire Pascale Robbe-Durand, chez Coop de France. On peut n'avoir qu'un BTA et être très compétent. »
Les autres voies d'accès fixées pour le futur Certiphyto permettront d'obtenir le précieux sésame après des tests sous forme de questionnaires à choix multiples, à compléter selon les cas par des journées de formation. Là aussi, des dents grincent, car le nombre de journées de formation nécessaires pour compléter les lacunes des candidats au Certiphyto conseil et vente ne sont pas encore établies. « Des options pourront être définies avec des durées différentes selon les catégories de candidats, indique-t-on à la DGER. Les organisations professionnelles concernées proposeront la durée qui convient à leurs mandants. » Il est ensuite prévu que la DGER instaure, après avis du groupe formation-phyto, mention par mention et catégorie par catégorie, des durées de formation possibles pour la phase expérimentale, « jusqu'à ce que les textes consécutifs à la loi Grenelle 2 soient établis ». Les premières propositions officielles parlent d'un ou deux jours de formations là où les professionnels du secteur considèrent qu'il faudrait bien plus longtemps pour qu'un vendeur de phytos titulaire d'un BTA de plus de dix ans, voire sans niveau bac, puisse se remettre à niveau.
Raisonnement et sécurisation
N'oublions pas, en effet, que tout cela s'insère dans le plan Ecophyto 2018 et la directive européenne qui visent à mieux encadrer l'usage des produits phytosanitaires. Ces futures obligations réglementaires préconisent des contenus de formation des acteurs du secteur très liés aux raisonnements des usages et à la sécurisation de l'utilisation des produits phytos. Et qu'il s'agisse de niveau 3 ou 4, les formations initiales doivent déjà se conformer à cette tendance. Faire le bon diagnostic parasitaire grâce à des outils d'aide à la décision ou limiter le recours systématique aux produits chimiques font par exemple partie des nouveaux objectifs de formation des conseillers et distributeurs de phytos. Alors, entre un BTS pour tous et la trop simple obtention d'un certificat d'aptitude pour conseiller et vendre des phytos, il y aura peut-être un juste milieu à trouver.
Pour l'heure, compte tenu de la phase expérimentale du dispositif et de la nécessité de se faire agréer comme organisme de formation, peu de gens osent contrer les pouvoirs publics sur ces questions. Lors de nos troisièmes Rencontres Agrodistribution, le débat était ouvert et certains ont pu s'exprimer sur un sujet encore sensible.
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